Come on, it's just a lonesome cowboy far away from home.
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~ Disturbed Soul ~
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Tim Sutton
Écrits : 16 Arrivée le : 08/12/2013 Age : 29 Localisation : Lane. Occupations : Déambuler ~ Humeur : Paranoïaque.
Feuille de personnage Feat: Tim Sutton Informations: Proxy paraphrène, épileptique, angoissé, drogué (?) à ses médocs. RPs: Come on, it's just a lonesome cowboy far away from home [Ft Mira]
Sujet: Come on, it's just a lonesome cowboy far away from home. Mar 24 Déc - 7:00
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Sujet: Re: Come on, it's just a lonesome cowboy far away from home. Ven 27 Déc - 1:08
- Ça a commencé il y a longtemps…ces… pertes de mémoires ? demanda Miranda posément.
Elle soupira. A chaque nouveau patient de ce type qu’elle rencontrait, elle espérait qu’enfin l’un d’eux allait raconter une histoire différente, quelque chose qui la mette sur la voix d’une théorie crédible qui puisse lui permettre d’expliquer la folie régionale de Lane. Effectivement elle n’avait jamais rien vu de tel. Et c’était de plus en plus étrange.
-Oui… quelques années je dirais. Au départ j’avais… des hallucinations… je voyais toujours ce…
Miranda serra les dents. Pas le type en costume pourvu qu’il ne parle pas du type en costume. Le patient s’arrêta en plein milieu d’une phrase, la dévisageant. Il fallait qu’elle se reprenne. Toute cette histoire l’empêchait de faire son travail correctement. Quelque soit l’explication de leur folie, ces gens méritaient son attention au même titre que n’importe quel patient. Se sentant vaguement coupable Miranda se reconcentra sur ce que disait le jeune homme qui se tenait en face d’elle.
-Euh… quelque chose vous tracasse ? Vous pensez que je suis fou non ? demanda-t-il très anxieux. Ce questionnaire que vous m’avez fait remplir… c’est pour un diagnostic non ? Dites moi, soyez franche… qu’est ce que j’ai ?
Miranda retint un soupire. Elle avait conçu elle même le questionnaire pour le bien de la recherche. Elle le faisait passer en salle d’attente à tous ceux qui présentaient des pertes de mémoire inexpliqués. Elle y demandait s’ils étaient déjà allés en forêt et à quelle fréquence et à quelles dates. Puis elle demandait des précisions sur les pertes de mémoire et de décrire les hallucinations s’il y en avait eu. Depuis peu elle avait ajouter deux questions, une sur d’éventuels toux accompagnés de rejet de sang et l’autre à propos des traitements déjà en cours, car souvent les patients étaient déjà lourdement traités. Enfin elle demandait au patient son consentement pour participer à l’étude. Elle essaya de lui sourire.
-Il faut plus qu’un simple questionnaire pour poser un diagnostic vous savez… Nous allons prendre notre temps.
Dédramatiser, il fallait dédramatiser tout cela, pour elle et pour eux sans quoi elle allait finir par être trop sous pression elle aussi.
-Alors vous pensez que je suis fou non ? Ne jouez pas à la psy qui répond aux questions par d’autres questions avec moi !
Apparemment sa tentative pour calmer le jeu avait lamentablement échoué. Le patient s’était levé et était allé nerveusement se poster près de la fenêtre, les yeux rivés sur le store pourtant presque clos. Il se sentait persécuté et jugé. Bravo Miranda, bravo. Elle répondit sans réfléchir, emporté par la déception qu’elle venait de s’infliger à elle-même et la peur que le patient ne quitte définitivement l’entretien et l’hôpital.
- Je n’en sais rien. Je ne sais pas si vous êtes fou ou non d’accord ? Je n’en ai aucune idée. C’est ce que j’essaye de savoir. Mais fou ou pas vous avez besoin d’aide.
Elle se profita que le patient était toujours tourné vers la vue inexistante pour se prendre la tête entre les mains. Pour la première fois, elle réalisa que c’était la vérité. Depuis tout ce temps, cette hypothèse avait flotté dans la tête. Et si cet homme à la cravate était réel ? Il était un élément commun toujours identique, l’hallucination présentait toujours le même caractère à la fois atroce et froid, à glacer le sang. Ils avaient tous la même expression sur le visage lorsqu’ils en parlaient. Ils avaient tous les mêmes symptômes, et tous décrivaient cet homme sans visage issu des légendes de la ville. Y compris ceux qui n’en avaient jamais entendu parler par le passé. Et en même temps qu’elle l’annonçait à son patient, elle se rendait compte que oui, elle même ne savait plus si ces gens étaient fous ou non, où était la réalité et où était le délire. La soudaine évidence de sa prise de conscience la laissa dans le vide un moment et elle ne put rien dire.
-Qu’est ce qui vous fait croire que j’ai besoin de votre aide. Je m’en sors depuis toutes ces années, tout seul, reprit le patient à sa place.
-Vous êtes là. Vous cherchez une solution à votre problème et c’est bien normal.
Le patient se rassit face à elle et elle fut soulagée. Tout n’était pas fichu. Elle allait l’écouter vraiment cette fois, pas comme avec les autres, tous ceux chez qui elle avait cherché malgré elle, des signes de délire elle le sentait à présent. Cela dit, elle n’avait rien trouvé. Ces patients une fois devant elles ne présentaient jamais de confusion, d’angoisse de décomposition ou d’anéantissement comme les psychotiques.
-Vous me parliez de ce que vous avez vu donc… reprit-elle plus posément. Il la dévisagea un moment de son visage fatigué avant de baisser les yeux et de poursuivre.
-Oui… un homme, très grand, sans visage, avec la peau blanche, très fin, avec toutes ces tentacules qui ondulent dans son dos, et puis j’ai l’impression que ma tête se fend littéralement en deux. Parfois il ne se passe rien, et je reprends le cours de ma vie. Et parfois, tout commence à devenir flou, je perds la mémoire, je me réveille je ne sais où, ayant fait je ne sais quoi. Alors je rentre chez moi, penaud… Parfois cela fait plusieurs semaines que personne n’a pas eu de nouvelles de moi… J’arrive plus à avoir de liens… je suis… complètement seul…
Chaque fois elle s’efforçait de se représenter avec précision ce qu’ils pouvaient vivre. Vrai ou faux pour eux c’était une réalité.
-Vous devez avoir l’impression qu’on vous a volé votre vie… souffla-t-elle.
- Oui ! Ce type… Si je le chope je le… Je le… mais chaque fois je tombe sur le sol, j’ai tellement mal que je crois que je vais mourir… Et je peux rien faire… il me… il me….
L’homme frappa du point sur la table basse et la boite à mouchoir eut un sursaut.
-Il vous pourri la vie, acheva Miranda.
-Oui !
Il se leva à nouveau, à nouveau il alla contempler les lames inclinées sans rien voir au dehors. Mais cette fois ce geste avait pour but de contenir la rage. Tout allait bien. Enfin… le mieux possible.
-Vous comptez faire quoi ? Vous avez une solution magique ? demanda-t-il avec ironie, d’une voix hachée.
-Non vous vous en doutez. Mais vous allez me parler encore quelques fois de toute cela, on va essayer de faire un historique précis et puis après je vais essayer de vous soigner.
-Et comment vous allez vous y prendre ? rétorqua-t-il comme si elle avait dit quelque chose de blessant.
-A vu de nez, je dirais que nous allons commencer par essayer de discuter en face à face de façon de plus en plus détendue et essayer de faire revenir les souvenirs qui vous manquent pour tirer tout cela au clair. Parallèlement, on va faire des examens, et nos médecins vont vous prescrire le traitement à l’étude si vous êtes d’accord pour y participer. Et si tout cela est probant j’essayerais de vous hypnotiser.
Il se tourna face à elle et la regarda droit dans les yeux.
-Je suis prêt à prendre tous les risques pour me sortir de ce merdier.
-C’est un bon point de départ dans ce cas…Mais ne vous mettez pas en danger…
Il sembla y réfléchir puis ils restèrent silencieux un petit instant. Cela tombait bien, il était l’heure.
-Bon… à moins que vous n’ayez quelque chose à me dire d’important… je vous dis à la semaine prochaine. Prenez rendez-vous avec le docteur en attendant. Il vous dira quoi faire pour la suite…
Il quitta la pièce sans même dire au revoir et Miranda soupira. C’était la pause déjeuné. Le psychiatre qui la croisa dans le couloir lui lança en regard glacé, les infirmières se retournèrent pour discuter sur son passage, la routine en somme. Dehors il faisait un froid glacial. Non loin de l’hôpital se trouvait un petit parc où elle aimait prendre l’air. Là un camion vendait des hots dog, des frites, des pizzas. Elle réclama une jambon fromage avant d’aller s’asseoir près du parc des enfants. Les images de la matinée qui dansaient devant ses yeux s’estompèrent peu à peu. Il fallait s’en défaire, les désespoirs des deux suicidés du petit matin, cette mère qui avait perdu son bébé en périnatalité et qu’elle suivait depuis quelques temps et le patient atteint du mystérieux mal de Lane et son ton presque venimeux. Tout cela était important, mais ce n’était pas à elle, pas son histoire. Son histoire pour le moment c’était les enfants qui jouent dans le parc, indifférent à la brume glacée qui enveloppait leurs mouvements et le plaisir qu’elle prenait à les observer, à regarder s’exprimer leur joie de vivre et leur curiosité.
Et ce type qui dormait sur son banc là bas… Qu’est ce qu’il faisait là ? Il n’avait pourtant pas l’air d’un clochard. Miranda jeta le reste de sa pizza à la poubelle, chose qu’elle ne faisait jamais d’ordinaire et elle s’approcha, hésitante. Quelque chose clochait. Il dormait mais son corps tremblait. Heureusement ils n’étaient pas loin de l’hôpital. Une sorte de panique sourde s’insinua en elle. Il fallait réveiller cet homme qui dormait chemise par moins quinze degré. Sinon c’était la mort qu’il risquait. Pourquoi était-elle la seule à l’avoir vu ?
Peu importait, elle lui secoua l’épaule légèrement d’abord, pour ne pas lui faire peur.
-J’suis où là ? furent ses premiers mots.
Elle répondit précipitamment, elle ne savait absolument pas comment faire face à cette situation.
-Vous êtes à Lane. Vous avez passé la nuit dehors…enfin je crois…Vous devriez… je vais vous conduire à l’h…
Mais il ne l’écoutait pas, il observait le décors, les yeux s’allumant d’une soudaine panique. Il ne semblait pas la voir non plus. Brusquement il replia son corps dans une position très étrange et elle recula un peu. Et il débita très vite :
— Non s’il te plait non. Pourquoi tu me fais ça ? Qu’est ce que ça t’apporte ? Pourquoi je suis ici ? J’ai jamais rien demandé à personne…
Miranda ne savait pas à qui il parlait mais ce n’était pas à elle. Cet homme était surement en train de délirer. Décidément. Sa première idée était la bonne, il fallait le conduire à l’hôpital. Pour son corps glacé et pour son esprit meurtri. Il était plus jeune que ce qu’elle avait cru au départ, le ventre un peu rond, propre sur lui… il n’avait pourtant pas l’aspect dérangeant des psychotiques errants qui dorment dehors sans sentir le froid.
-Monsieur, je n’ai pas de réponses à vos questions, mais il faut aller à l’hôpital, il fait froid, votre santé est en danger. On essayera de comprendre tout cela plus tard, quand vous serez en sécurité.
Il se mordit la lèvre au point qu’un peu de sang coula de sa bouche et il resta immobile semblant attendre un miracle avant de prendre un air si désespéré qu’elle en eu le cœur fendu. Il ne l’entendait pas alors que pouvait-elle faire ?
— Un rêve… juste… un rêve. Ce n’est pas réel. Ça ne peut pas être réel...
Encore une fois il n’avait rien entendu du tout. Il venait de tenter de vérifier que tout ceci était réel et à présent que c’était fait il semblait réellement en proie à la panique. S’il continuait à précipiter son souffle de la sorte, l’attaque de panique n’était pas loin. Elle espérait qu’au moins il était revenu à la réalité, un peu. Elle se plaça face à lui, commençant par mettre une main sur son épaule. Mais elle la retira car brusquement il se mit à s’agiter en poussant des cris. Tout le parc se retourna pour les observer. Il n’y avait qu’une seule solution pour endiguer une telle angoisse : la contention. Il n’avait pas l’air violent malgré tout, juste désorganisé alors elle l’attrapa coinçant ses bras contre son corps et le serra dans ses bras de toutes ses forces.
-Monsieur, souffla-t-elle à son oreille, tout va bien aller. On va s’occuper de vous d’accord ? Il faut aller à l’hôpital. Vous avez eu très froid. C’est normal que vous soyez paniqué surtout si vous ne savez pas où vous êtes. Essayez de respirer à fond, on va vous soigner…
Joignant le geste à la parole elle frotta vigoureusement son dos gelé. Si elle n’avait peut-être pas réussit à le calmer, elle pouvait au moins commencer à le réchauffer avec la chaleur corporelle.
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Sujet: Re: Come on, it's just a lonesome cowboy far away from home. Dim 12 Jan - 16:58
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Sujet: Re: Come on, it's just a lonesome cowboy far away from home. Dim 12 Jan - 18:25
Les cris avaient mis quelques instants à se calmer et puis elle avait pu parler. Il n’était pas évident du tout de se montrer rassurant alors qu’on était si paniqué. Elle lui frotta le dos très fort, après tout, rien ne disait qu’il n’allait pas tomber dans les pommes, là comme ça, tout à coup. Maintenant que l’angoisse semblait s’apaiser un peu, au moins permettre de le déplacer sans risque en tout cas, il fallait penser à sa survie. Son corps était tellement froid contre le sien, qu’elle avait presque l’impression qu’il était déjà mort. Elle n’osait pas s’aventurer à s’imaginer ce que ça pouvait lui faire d’avoir aussi froid. Elle serra les dents quand elle senti que son corps pesait contre le sien. Aurait-elle la force de le déplacer jusqu’à sa voiture s’il ne tenait pas debout ? Elle n’avait plus qu’à prier. D’autant que dans le parc, tout le monde les observait. Elle ne pouvait pas rester là. Autant pour se rassurer elle que pour le rassurer lui, elle le noya de paroles dont elle savait qu’il ne les entendait ni ne les comprenait sans doute pas, en continuant de le frotter vigoureusement partout où elle pouvait.
-Tout va bien aller…l’hôpital n’est pas loin. Je vais m’occuper de vous jusqu’à ce que vous soyez en sécurité, vous avez eu très froid et vous êtes désorienté mais on va comprendre ce qui s’est passé d’accord ? Vous allez venir avec moi et puis on va vous réchauffer…
Et elle continuait ainsi inlassablement d’une voix douce et maternante. Après tout c’était ce qu’elle avait appris à faire avec les patients psychotiques en crise, ce qu’il était sans doute, malgré son aspect plutôt conventionnel.
Brusquement une pensée fulgurante lui traversa l’esprit. Et si c’était l’un d’eux ? L’un des patients atteins de la folie régionale de Lane ?
Cette pensée acheva de lui donner la motivation nécessaire pour bouger d’ici. Maintenant qu’elle s’imaginait que peut-être la créature en costume noir n’était pas une hallucination, elle se surprenait à scruter les arbres plus que de raison. La respiration de l’homme ne semblait pas se calmer… Peut-être que c’était pour ça... Qu’il avait peur qu’il surgisse derrière eux ? Se découvrant une force inconnue Miranda attrapa le sac près du banc, plaça le bras de l’homme sur son épaule et le tira sur le chemin. On s’écarta d’eux dans un mouvement de dégoût et la jeune psychologue se sentit un peu abandonnée. Une paire de bras supplémentaire n’aurait pas été de trop. Elle avait finit par se taire, trop essoufflée pour parler.
-Hôpital… finit-il par articuler à travers son souffle toujours erratique.
-Oui hôpital… fut tout ce qu’elle put répondre.
Finalement elle parvint à l’installer sur le siège de sa voiture, soulagée et fière à la fois. En vitesse elle plaça le sac à ses pieds et démarra. Le plus vite possible elle enclencha le chauffage qui ronfla avec force. Elle se mit en route sans plus attendre, en jetant des coups d’œil anxieux dans le rétroviseur. Elle ne savait pas vraiment si elle devait se sentir stupide ou non.
Elle l’observait lui aussi de temps à autre. Il semblait toujours aussi désorienté. Elle espérait que la chaleur pourrait lui rendre un peu de clarté. Il ne lui semblait pas utile d’essayer de lui expliquer quoique ce soit pour le moment. En attendant, il fallait être logique et prévenir l’hôpital. Elle brancha le quitte main libre maladroitement. Le mieux était d’éviter de faire attendre quelqu’un d’angoissé, mieux valait que tout le monde soit à poste quand ils arriveraient.
- Oui Hélène ? J’arrive aux urgences là…
-Oh Miranda… Tu nous a ramassé un chat écrasé ? répondit l’infirmière avec ironie. La jeune psychologue essaya de ne pas se laisser démonter et garda son sérieux.
-Un homme... qui a dormi sur un banc en chemise par moins quinze, désorienté, probablement en hypothermie. Il faudrait deux infirmières au moins, il est désorganisé, il est possible qu’il se débatte. On ne peut pas le faire attendre je pense…
Elle serra les dents attendant la prochaine salve.
-Roh c’est pas vrai... tu crois qu’on a que ça à faire ? C’est la pause et puis si on devait ramasser tous les clodos de France et de Navarre... -Oui exact, en théorie tu n'as que ça à faire puisque soigner les gens c'est ton travail. Dites au doc qui le prendra en charge de lui faire passer le test de la recherche sur la folie Régionale de Lane aussi s’il vous plaît.
-Ah si c’est pour ta sacro sainte recherche alors…
Miranda raccrocha sans quoi elle allait sans doute perdre son sang froid. Etrangement la vision de son pauvre passager apaisa immédiatement sa colère. Il y avait tellement pire que les sarcasmes d’une infirmière…Il regardait autour de lui, sans comprendre sans doute. Un instant elle se représenta ce qu’il pouvait ressentir et fut estomaquée par la peur. Alors elle se concentra sur la route à nouveau. A présent il semblait plus disposé à l’écouter mais elle ne savait pas franchement quoi lui dire.
— Il est loin... l’hôpital ? demanda-t-il soudain.
Elle lui fit son sourire le plus rassurant.
⎯ Non… Nous y seront dans une minute. Je travaille là bas. Je les ai prévenus que nous arrivions. Vous avez moins froid ? Mal quelque part ? Vous pouvez me dire votre nom ?
Elle posait trop de question d’un seul coup. C’était le signe qu’elle était paniquée, il fallait se calmer… tout allait bien à présent pour lui. Enfin… physiquement au moins.
Miranda lui laissa le temps de répondre.
Elle fut étonnée car à peine ils arrivèrent que deux infirmières et un médecin emmenèrent l’homme loin d’elle. Ils l’avaient allongé presque de force sur un brancard et l’entrainaient déjà à travers les couloirs.
⎯ Vous allez faire quoi ? demanda-t-elle à la volée.
⎯ Quelque chose d’utile contrairement à toi, répondit l’infirmière. Un scanner, des examens, lui donner un repas si besoin.
⎯ Dites lui qu’il peut venir me voir après… Je suis dispo cette après midi.
⎯ Pour pas changer ! rétorqua la dénommée Hélène.
Elle soupira, elle doutait que le message passerait alors elle soupira et resta là les bras ballants une minute. Elle ne pouvait plus rien faire pour lui. Elle savait par expérience qu’il valait mieux ne pas se tenir dans leurs pattes quand ils avaient décidé de travailler. Alors elle se rendit à son bureau et tenta vainement de se remettre de ses émotions. Dans un coin l’attendait le rapport qu’elle devait rendre à ses employeurs concernant ses recherches. Elle ne savait vraiment pas quoi y écrire.
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Sujet: Re: Come on, it's just a lonesome cowboy far away from home. Dim 12 Jan - 20:56
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Sujet: Re: Come on, it's just a lonesome cowboy far away from home. Dim 12 Jan - 22:07
Une fois dans la voiture Miranda avait prévenu l’hôpital. Elle conduisait nerveusement, espérant que tout irait bien. Son passager était finalement sorti de son silence pour lui demander si l’hôpital était loin. C’était une première question originale mais à ses yeux, c’était surtout une bonne occasion de pouvoir le rassurer. Elle lui expliqua donc la situation et posa quelques questions sur son état, essayant de garder la tête froide.
— Tim... M'appelle Tim, répondit-il en frissonnant toujours. J'ai... moins froid qu'avant... c'est déjà ça.
⎯ Oui c’est déjà ça… souffla Miranda pas très convaincue en le voyant grelotter.
Il s’écoula un autre silence avant qu’il ne dise d’une petite voix.
⎯ M…merci.
Un instant elle hésita sur quoi répondre. Miranda n’aimait pas qu’on lui dise merci. Elle avait toujours détesté ça. Elle avait l’impression d’usurper quelque chose à quoi elle n’avait pas droit. Elle serra les dents avant de répondre.
⎯ De rien… j’imagine…je n’allais pas vous laisser mourir de froid non plus hein…
Ils arrivèrent. Le temps de dire « ouf » et Tim était embarqué par l’équipe non sans que quelques répliques acerbes ne fussent échangés et elle se retrouva seule dans son bureau, face au rapport de recherche qu’elle devait rendre avant la fin de la semaine.
Plus Miranda y pensait et plus elle se disait qu’écrire ce rapport allait probablement lui prendre la prochaine décennie.
« En effet, des doutes peuvent être émis sur la nature hallucinatoire des perceptions décrites par les patients… »
Non elle ne pouvait pas décemment écrire cela. Elle effaça nerveusement de son brouillon la phrase concernée.
« On peut s’interroger sur la nature délirante des… »
Non plus… Il n’y avait pas de bon moyen d’annoncer une telle chose, de dire que la limite entre la réalité et le délire devenait floue. Elle recommença… mieux valait retracer son raisonnement étape par étape.
« En conclusion, on peut dire qu’il est étrange de constater que les patients décrivent tous exactement la même hallucination et ce sans concertation préalable. J’ai déjà noté que cette thématique d’une créature sans visage, portant un costume et possédant des tentacules fait partie intégrante des légendes urbaines. Mais certains patients la mentionnent alors même qu’ils ne sont en ville que depuis quelques mois et qu’ils ne savent rien desdites légendes. J’ai donc écarté la thèse d’une faille dans l’inconscient collectif de la ville due par exemple à un traumatisme ancien (massacre, épidémie…) dont je n’ai de toute façon pas trouver trace, ou l’idée que ces légendes fascine tant la population qu’elle pourrait devenir un thème délirant comme la religion ou les extraterrestre par exemple. »
Miranda inspira à fond et acheva.
« Pour ce qui est de la question de la causalité donc, je pense qu’il nous faut envisager sérieusement la possibilité que cette créature décrite par les patients existe réellement. »
Encore une fois elle effaça rageusement. Non, non et non. Si jamais son superviseur savait qu’elle écrivait ça dans son rapport, il allait la croire folle dans le contre-transfert. Voire folle tout court. Et les gens du laboratoire allaient probablement la virer. Il fallait mieux rester évasif… oui évasif ou indécis. Cette fois c’était la bonne elle le sentait.
« Pour ce qui est de la question de la causalité, mes recherches ne me permettent actuellement pas de conclure. Tout ce que j’observe est une coupure du moi en deux parties distinctes comme dans la paraphrénie classique, si ce n’est que la frontière est beaucoup plus hermétique. La première personnalité présente souvent une adaptabilité certaine qui n’est perturbée que par l’existence de la seconde et un moi parfois fragile mais dans les limites de la normalité. Etant donné que cette fragilité est proportionnelle à la précocité d’apparition des premiers symptômes, elle semble être plus une conséquence qu’une cause. L’autre personnalité contrairement à la paraphrénie classique n’est pas dirigée par les processus primaires, ou accaparée totalement par le délire mais semble plutôt d’une efficacité et d’une intelligence hors normes, même si parfois, elle ne s’exprime pas, peu où en termes incompréhensibles. Toutes les secondes personnalités que j’ai pu faire remonter par hypnose ou suggestion se disent au service de quelqu’un ce qui fait penser à un automatisme mental. Elles semblent posséder un moi hypertrophié, considérant les hommes comme des choses et ne prenant pas la peine de communiquer sauf en cas d’extrême nécessité. Sur le plan psychologique, on pourrait éventuellement conclure à une faille narcissique profonde et clivée, qui donnerait lieu par renversement à cette personnalité caractérisée par la froideur, la violence, et la négation des liens ? Mais cela n’explique en rien la logique géographique qui sous- tend l’épidémiologie de cette pathologie. Pour le moment, je ne suis donc pas en mesure de conclure. »
Miranda était contente d’elle. Après tout, elle s’était embrouillée l’esprit à penser que cette chose était réelle. Mais au fond, elle n’avait rien qui puisse le lui prouver. Il fallait juste l’envisager, c’était tout. Elle résolut donc de vivre tranquille jusqu’à nouvel ordre. Elle allait embrayer sur les progrès plutôt encourageant de sa technique de soin quand soudain le téléphone sonna. C’était Hélène, sacrément en colère apparemment.
⎯ Hey Miranda ! Merci pour nous avoir fourgué un patient violent ! Je me suis pris une mandale. C’est toi qui est allée le chercher, tu te démerdes avec ! La stagiaire te l’envoi.
La jeune psychologue voulut répondre quelque chose mais la ligne fut aussitôt coupée alors elle soupira. Tim était-il un patient violent finalement ? Elle en doutait. Mais elle savait aussi que la désorientation pouvait rendre violent quand on ne prenait pas la peine de communiquer. C’était bien fait pour les infirmières et sans risque pour elle donc. Elle écrivit encore quelques idées puis on frappa à la porte.
Tim passa une tête timide par la porte et lui fit un tout petit "bonjour". Il avait reprit des couleurs heureusement. Les infirmières et les médecins d’ici avaient peut-être une dent contre elle, mais ils faisaient leur travail correctement. Pour la partie technique au moins.
⎯ Entrez je vous en prie, commença Mira avec un sourire. Enfin… si vous avez un peu de temps à me consacrer et si vous vous sentez suffisamment en forme…
Effectivement, elle s’imaginait bien que les infirmières avaient du omettre ce détail, tous les entretiens psychologiques de l’hôpital étaient facultatifs…
Il entra et d’un geste elle l’invita à s’asseoir sur le canapé confortable tout près du radiateur dont elle augmenta la puissance avant d’aller prendre place à son tour sur la chauffeuse qui lui faisait face. Faire les choses dans l’ordre, posément, se présenter.
⎯ Je m’appelle Miranda Smith. Je suis psychologue au sein de l’hôpital. Vous avez dû remplir un questionnaire concernant sur une recherche que je mène ici, mais la participation est facultative. J’imagine que vous devez avoir beaucoup de questions, alors si c’est ce que vous voulez, nous pouvons essayer d’y répondre ensembles… Si tout cela est trop confus pour le moment… Vous pouvez me dire absolument ce que vous voulez. Je suis là pour vous écouter.
Elle assortit le tout d’un sourire bienveillant. Parler du coup porté à l’infirmière lui paraissait d’une inutilité totale, il y viendrait de lui même si besoin était. Décidément, tout était beaucoup plus facile quand elle était tranquillement assise dans son bureau de consultation.
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Sujet: Re: Come on, it's just a lonesome cowboy far away from home. Dim 12 Jan - 22:59
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Sujet: Re: Come on, it's just a lonesome cowboy far away from home. Lun 13 Jan - 20:46
Miranda venait de signifier à Tim que l’entretien n’était pas obligatoire en même temps qu’elle avait prit des nouvelles de sa santé. Une fois sortie de cette situation de panique et son compte rendu presque terminé, elle se sentait serine, prête à l’accueillir comme il se devait.
— Ça va… Un peu lessivé mais je me remets lentement, avait-il répondu.
Miranda sourit à nouveau.
⎯ Tant mieux... mais vous allez avoir besoin de repos oui…
Tim s’avança ne semblant pas très sur de lui. Il resta debout un petit moment à hésiter et Miranda se rendit compte qu’il allait falloir être très prudente pour éviter qu’il ne quitte l’entretien. Il était trop peu confiant pour qu’elle puisse se permettre une bévue comme celle de la matinée. Sans rien dire pour ne pas brusquer les choses, elle attendit qu’il se décide entre s’asseoir et s’en aller. Finalement pris d’un espèce de sursaut il alla rouvrir la porte, regarda derrière, regarda entre la porte et le mur, la referma et recommença ça plusieurs fois de façon assez rapide et raide. Elle le regarda faire, un peu étonnée. Il n’avait pas peur d’elle ou de l’entretien en fait. Il avait passé ce petit laps de temps à résister à son TOC. Elle attendit que la crise de vérification se termine, en se demandant quel était le sens de se comportement. Vérifier que la porte était bien fermée ? Vérifier qu’il n’y avait personne derrière ? Qui pouvait dire, mais ce patient n’était sans doute pas venu pour parler de ces TOC alors elle remettrait la réponse à ces questions à plus tard. Finalement il s’assit, l’air passablement gêné d’avoir réalisé tout cela devant elle. Elle résolut de ne rien dire pour le moment. Si elle sentait que la chose menaçait encore de se produire, elle lui signifierait qu’il peut se livrer à ce petit manège autant de fois qu’il le souhaite et qu’ils auraient tout le temps. Mais pour le moment, mieux valait éviter de ramener à lui la pensée obsédante qui donnait lieu à cet étrange comportement. Elle se contenta donc d’attendre qu’il semble un peu se détendre pour se présenter et donner quelques explications. — C’est encore… un peu confus oui. Il me manque quelques réponses pour mettre de l’ordre dans ma tête. Vous avez sans doute du me le dire mais j’étais trop… angoissé pour l’entendre et les infirmières n’ont pas vraiment pris la peine de me répondre mais… où suis-je, exactement ? Et quel jour on est ? commença-t-il par demander.
En tout cas TOC ou pas, son esprit était clair à nouveau. C’était donc juste un état de stress suivant l’amnésie qui l’avait frappé et non une crise de délire dissociatif. Elle répondit posément et calmement, sachant que ce genre d’information demandait du tact. Elle ne savait pas combien de temps avait duré l’amnésie ni combien de kilomètres il avait parcouru pendant ce temps.
⎯ Vous êtes dans la ville de Lane dans le Nord de l’Amérique. Nous sommes le 13 Janvier 2014.
Elle lui laissa le temps de reprendre ses esprits, mais il continua de lui-même.
— Après… il faudrait juste que je sache ce que je fais ici… Je sais à qui demander mais il ne me répondra pas parce qu’à mon avis je connais déjà la réponse.
Cette seconde réplique eut le don de déconcerter Miranda. Elle s’avança sur sa chauffeuse, plaçant sa main sous son menton. Peut-être bien qu’elle était face à un patient délirant finalement… Peut-être bien qu’il était en train de construire un délire de persécution suite au stress de l’amnésie ? Un délire selon lequel quelqu’un serait la cause tout ceci ? Brusquement ses vérifications prenaient un autre sens. En tout cas, il ne semblait pas se sentir en sécurité, ce qui était normal, mais il fallait être d’autant plus prudente, sans quoi elle risquait de se trouver à devoir faire face à ses soupçons elle aussi.
⎯ Peut-être… commença-t-elle prudemment, que vous pouvez me dire à qui vous pensez ?
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Tim Sutton
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Sujet: Re: Come on, it's just a lonesome cowboy far away from home. Mer 22 Jan - 17:07
[HRP : Pardon c'est court T.T je crois que j'ai jamais fait aussi court de ma vie...]
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Sujet: Re: Come on, it's just a lonesome cowboy far away from home. Mer 22 Jan - 18:20
La question de Miranda resta un petit moment en suspens. Ce n’avait pas l’air d’un sujet facile à aborder, d’autant plus qu’il avait fallu intégrer le jour et la date, se représenter combien de kilomètres avaient été parcours pendant le black out.
-Je ne sais pas si… c’est réellement important.
Elle hocha la tête pour montrer qu’il pouvait changer de sujet s’il le souhait. Néanmoins, la raison qui l’avait poussé à se retrouver dans cette affreuse situation semblait importante à Miranda. Mais il était peut-être un peu tôt pour aborder quelque chose d’aussi sensible, d’autant plus compte tenu de la méfiance dont il faisait preuve. Après tout, un patient souffrant d’amnésie aussi massive avait probablement une longue histoire de suivit médical derrière lui. Il avait peut-être des raisons de se sentir persécuté par les psys, ou les hôpitaux en général.
-C’est vous qui voyez ce qui vous semble important, précisa-t-elle.
En arrière pensée, elle se disait qu’il fallait le laisser libre le plus possible sans quoi il allait finir par la soupçonner au mieux de le prendre pour un fou et probablement de vouloir l’analyser, au pire de faire parti d’un complot mondial tourné contre lui. La réalité se situait probablement quelque part entre les deux, mais temps qu’elle ne savait pas à qui elle avait affaire mieux valait faire preuve de la plus grande prudence.
Il se tordait les doigts, probablement en proie à une grande anxiété. Elle laissa encore un silence en s’attendant à ce qu’il change de sujet mais il n’en fut rien.
- C'est... une connaissance... Quelqu'un que je n'aime pas beaucoup et c'est réciproque je crois... Mais si j'entrais dans les détails je ne pense pas que vous y croiriez...
C’était déjà pas mal qu’il puisse dire tout cela. Il fallait se débrouiller pour qu’il lui fasse un peu confiance à présent. Soutenir mordicus qu’elle le croirait sonnerait nécessairement faux. Mieux valait se contenter de faire quelque chose des éléments qu’elle avait déjà en main.
-Détails ou pas… j’imagine que ça doit être dur de vivre avec l’idée que quelqu’un vous en veut au point de vous causer toutes ces difficultés.
Elle était parfaitement sincère en disant cela. Imaginaire ou réelle, proche ou lointaine cela ne changeait rien au fait que cette personne quelle qu’elle soit constituait le point de départ de beaucoup de souffrance pour Tim et pour l’instant c’était tout ce qu’elle avait besoin de savoir.
Réflexion faite ce n’était pas tout à fait vrai. Elle brûlait de savoir s’il faisait ou non parti des patients de sa recherche, mais il ne fallait pas brusquer les choses. Après tout, il allait probablement vouloir rentrer chez lui. Cet entretien était très probablement le dernier. Non…mieux valait ne pas le tourmenter avec ça, le mettre de côté et se concentrer sur le soutien qu’elle pouvait lui apporter dans ce moment de crise.
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Tim Sutton
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Sujet: Re: Come on, it's just a lonesome cowboy far away from home. Jeu 13 Mar - 23:50
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Sujet: Re: Come on, it's just a lonesome cowboy far away from home. Ven 14 Mar - 19:30
La remarque de Miranda avait plongé son patient dans une sorte de profond silence. Elle regretta brusquement ses mots en voyant son expression se teindre de tristesse. Elle réalisa soudain qu’il devait sans doute se trouver dans une logique proche de la survie psychique. L’aider à s’approprier ses vécus de la sorte était sans doute positif sur le long terme, mais dans ce moment de crise et de fragilité était-ce réellement une bonne idée ? Allons, allons, elle avait commencé cet entretien sans une pensée contre elle-même ou presque, il fallait persister dans cette voix. Nommer les affects c’était son travail. Elle cru noter quelques veines tentatives pour prendre la parole. Mais cela avait été si discret qu’elle n’en était pas certaine. Pendant quelques instants le silence qui plana fut particulièrement angoissant. Tellement qu’elle n’osa pas prendre la parole pour dire quelque chose de rassurant. Elle n’aurait pas vraiment su quoi alors elle se contenta de soutenir son regard, affichant dans ses yeux la compassion réelle qu’elle ressentait pour lui. A un moment aussi, il lui sembla qu’il était sur le point de s’enfuir, mais il ne bougea pas d’un pouce. En tout cas, il était en proie avec une profonde lutte intérieur semblait-il. Il lui fallait réfléchir avant de parler, décider quoi dire avec précaution.
Encore une fois elle se demandait si c’était juste son statu qui lui faisait peur, l’hôpital… ou s’il était vraiment en train de se comporter comme un psychotique animé par des angoisses de persécution. Folie régionale de Lane ou pas, elle commençait à pencher pour cette seconde hypothèse. Elle doutait que cet autre qui lui en voulait dont il parlait soit une personne incarnée. Mais encore une fois ça n’était pas la question. Il fallait juste compatir et attendre la suite.
Elle avait bien fait d’attendre tranquillement, puisqu’il se remit à parler, non sans effort, visiblement en proie à une angoisse intense.
— Le... le problème c'est que c'est pas moi qui décide... J'ai pas mon mot à dire dans l'histoire. J'obéis et je suis pas capable de me rappeler de ce que j'ai pu faire... Alors il fait tout ce qu'il veut et après j'ai plus qu'à m'adapter.
« J’obéis » médita-elle pour elle-même. Voilà qui faisait bien penser à un syndrome d’automatisme mental, mais derrière suivait « Il fait ce qu’il veut ». Apparemment cet homme était dissocié, elle commençait à en être certaine. Il allait donc falloir faire preuve de prudence. Mais dans la psychose classique une voix, ou un autre forçait la personne à faire quelque chose, là il était bien question d’une individualité différente, complètement séparée et indépendante. Plus le temps passait et plus elle était certaine d’avoir affaire à un patient en lien avec sa recherche. Malgré tout, l’histoire de Tim était triste. Il avait été conduit loin de chez lui par elle ne savait quoi ou qui et pour elle ne savait quelle raison. Il s’était réveillé à l’autre bout du pays apparemment. Malgré tout ce qu’elle pouvait penser d’autre elle restait très préoccupé par toute cette histoire. Et dire que dans le parc, au moins une dizaine de personnes étaient passées devant lui sans rien faire, sans voir qu’il dormait là en chemise par moins quinze degrés. Elle aurait pu faire la même chose, si elle n’avait pas pris le temps de vivre juste cinq minutes. C’était proprement tragique.
Lui-même semblait las et fatigué. Mais à présent qu’il avait commencé à parler un peu de ce qu’il vivait, il semblait qu’il ne voulait pas en rester là. Elle s’aventura à penser que finalement, relever la difficulté de la situation lui avait permis de lui faire un peu confiance. — Il ne pense pas à moi, il s'en fiche. J'étais presque à la rue, j'ai eu de la chance de retrouver un boulot et je sais déjà que je vais être viré, je serais pas rentré à temps pour bosser. Je... je sais même pas si j'ai assez d'argent pour me trouver un hôtel ce soir parce que de toute façon il me laissera pas partir d'ici... Mais ça, bien évidemment, il l'a pas calculé ! Tout ce qui lui importe c'est de m'utiliser pour ses propres affaires et d'obéir à ce... ce... ce...
Il semblait presque en colère à présent. En colère contre cette « personne » dont il parlait. Apparemment il y avait de quoi. C’était une réaction adaptée, compte tenu du contexte et Miranda était un peu rassurée à cette idée. Et puis la colère supposait de reconnaître qu’on avait des droits. Ce qui voulait dire que Tim possédait tout de même une assise narcissique minimale et donc un peu d’énergie. En revanche à l’extérieur tout ceci était extrêmement embêtant. Pas de logement, pas d’argent… elle espérait que l’assistance sociale n’avait pas pris son après-midi. En tout cas, ces incidences pratiques n’étaient pas à prendre à la légère. Peut-être même pouvait-elle commencer par là. Après, son esprit fut accaparé sur ce qui se cachait derrière sa fin de phrase « Ce… ce… » Elle était presque certaine de ce qui s’agissait. Une personnalité dissociée, qui obéît à autre chose, c’était très probablement de cet être tentaculaire dont il s’agissait encore. Cela ne la réjouissait pas. Plus le temps passait, et plus il semblait que cette pathologie était en train de prendre une allure épidémique.
⎯ Si vous ne pouvez pas partir d’ici et que vous êtes sans ressources, nous appelleront l’assistante sociale quand nous en aurons fini. A moins que l’hôpital ne décide de vous garder en observation pour la nuit… ? En tout cas, on ne va pas vous laisser dormir dehors à nouveau.
Miranda se reprit, pensant soudain que peut-être ce qu’elle était en train de dire pouvait être mal interprété.
⎯ Enfin... tout ceci sous réserve que vous nous fassiez confiance évidemment. Il n’est pas question non plus de vous retenir contre votre gré.
Elle s’avança sur sa chauffeuse, hésitant presque à venir s’asseoir à côté de lui comme elle faisait parfois. Mais encore une fois, elle craignait que cela ne puisse être mal interprété. Il fallait se contenter de parler peut-être. Elle le fit assez spontanément ce qui était assez rare chez elle. ⎯ En tout cas, si cette personne qui que ce soit ne vous prend pas en considération, mais se préoccupe de quelqu’un d’autre, vous avez grandement besoin qu’on se préoccupe de vous. Etre pris comme objet de la sorte, qui n’aurait besoin ni de manger, ni d’un toit sur la tête, voilà qui est intolérable. Vous n’êtes pas une chose mais une personne.
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Sujet: Re: Come on, it's just a lonesome cowboy far away from home. Jeu 22 Mai - 12:56
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Sujet: Re: Come on, it's just a lonesome cowboy far away from home. Mer 11 Juin - 13:25
Miranda venait de rappeler à Tim qu’il n’était pas question de le laisser dormir à l’extérieur encore une fois… Et ce d’autant plus qu’il faisait particulièrement froid. En même temps elle craignait que son empressement à s’occuper de lui ne le persécute encore d’avantage. Mais apparemment ce n’était pas le cas.
-Vous finirez toujours pas me retenir contre mon gré parce que… si vous me retenez moi vous retiendrez aussi cette personne dont je vous ais parler et vu qu’on pense plutôt de façon opposée...
Miranda se redressa sur sa chauffeuse parce qu’elle avait minimisé la situation apparemment. En même temps elle était contente parce que contrairement à ce qu’elle pensait Tim semblait lui faire confiance pour oser lui faire comprendre que cette personne dont il parlait ne se trouvait nulle part ailleurs que dans sa tête et d’autre part, pour laisser sous entendre qu’il avait probablement été enfermé par le passé et qu’il attendait cette réaction. Il retira la mèche de cheveux qui barrait son visage. Sans doute que dire cela lui avait demandé beaucoup de courage, alors elle prit garde à ne pas l’interrompre.
-J’aimerais rester si possible… j’ai pas envie de me réveiller dans la forêt sans savoir comment j’ai atterri là ou comment en sortir une seconde fois en deux jours. J’ai juste pas envie de déranger.
Dans la forêt, se réveiller dans la forêt. Cette fois elle en était absolument certaine Tim était un patient de sa recherche. Tous sans exception ne comptaient plus leurs réveils en forêt.
- Où de blesser quelqu’un sans m’en rendre compte, ajouta-t-il très vite et dans un souffle.
Elle resta interdite parce qu’elle en était certaine à présent. Tous avaient ce même discours et ces mêmes craintes il n’y avait plus aucun doute. Il fallait parler de l’hospitalisation à présent, mais sans en faire une simple mesure de contention destinée à protéger des vies. Après tout ça serait encore se consacrer à l’autre dans sa tête et non à lui.
Elle lui signifia donc qu’il n’était pas une chose mais une personne que cette chose n’avait pas le droit d’utiliser à sa guise.
-Allez lui expliquer que je ne suis pas un objet et il va se moquer de vous, voire pire…
Miranda commençait à comprendre qu’il fallait prendre ce « voire pire » très au sérieux. En tout cas elle allait saisir cette occasion pour s’expliquer. Maintenant qu’elle était presque certaine que Tim relevait de sa recherche, elle ne pouvait pas passer sous silence qu’elle possédait peut-être des moyens de lui venir en aide plus efficace que ceux qu’il avait connus jusqu’à présent.
-Alors nous allons lui montrer l’exemple…dit-elle en souriant.
Elle reprit plus sérieusement.
-En tout cas je comprends que cette personne se trouve en quelque sorte… à l’intérieur de vous. Dans votre tête et votre corps. Donc… si vous avez l’impression qu’elle est un danger pour vous et pour les autres cette autre personne, le plus sage serait effectivement de vous hospitaliser. Mais l’idéal serait qu’on ne se contente pas de juste contenir la violence qu’elle manifeste… que vous puissiez prendre ce temps pour vous, essayer de vous sentir mieux… Sinon nous nous occupons d’elle encore et pas de vous… vous comprenez ?
Elle marqua une pause… La recherche, il fallait en parler maintenant. Mais elle appréhendait parce qu’elle avait peur de l’effrayer. Dire à un patient avec des tendances paranoïaques qu’on avait l’intention de mener une rechercher à son sujet ça n’était jamais évident, alors elle prit son courage à deux mains.
-Nous nous occuperons de cela tout à l’heure… en fait avant il y a une chose dont je dois vous parler. Votre histoire me rappelle l’histoire d’autres patients que je vois ici. On appelle cela la « folie régionale de Lane. » Ces autres patients présentent tous des pertes de mémoire et disent tous être habités par une autre personne qui pendant ces blacks out fait des choses affreuses, souvent pour le compte d’une autre personne…
Miranda inspira un grand coup.
-Chaque fois cette autre personne s’appelle Slender. C’est un être qui existe dans nos légendes urbaines et qui vit dans la forêt. Il est grand, porte un costume noir et possède des tentacules. La légende dit qu’il se nourrit d’êtres humains et qu’il dégage une aura malsaine qui rend les gens fou en coupant leurs âmes en deux afin de les utiliser. Est-ce que tout ceci vous est familier ?
Elle espérait sincèrement que non. Chaque fois qu’elle avait en face d’elle une nouvelle folie régionale, Miranda doutait que ses patients étaient délirants… chaque fois, elle se demandait si finalement Slender existait vraiment. Alors elle essaya de ne pas regarder anxieusement par la fenêtre et de se dire qu’après tout Tim venait de loin, que peut-être elle avait tiré des conclusions trop hâtives et que son cas n’avait rien à voir avec tout ceci.
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Écrits : 16 Arrivée le : 08/12/2013 Age : 29 Localisation : Lane. Occupations : Déambuler ~ Humeur : Paranoïaque.
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Sujet: Re: Come on, it's just a lonesome cowboy far away from home. Mer 11 Juin - 16:39
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Sujet: Re: Come on, it's just a lonesome cowboy far away from home. Mer 11 Juin - 21:40
Miranda venait de parler à Tim d’une possible hospitalisation. Après tout il disait lui-même qu’il était un danger pour lui et pour les autres. Il devait bien avoir conscience qu’il en avait besoin. Le tout était de présenter la chose positivement. Ce en quoi elle venait d’échouer tout a fait lamentablement apparemment. - Mais... ça veut dire quoi "prendre du temps pour moi" ? Enfin, ça consiste en quoi ? Parce que si je reste allongé sur un lit à attendre ou dans une pièce camisolée, ça va être compliqué non ? Surtout que du temps pour moi tout seul j'en ai pour ainsi dire jamais vu qu'il est toujours là à regarder ce que je fais.
Elle eut malgré elle une sorte de mouvement de recul. Derrière cette espèce de lassitude agacée elle avait senti toute la profondeur d’un important traumatisme. Elle l’imaginait elle ne savait pas pourquoi, enfant, laissé seul pendant des heures dans une grande pièce blanche dont il cherchait en vain à s’échapper, ou encore attaché, immobile sur un lit ou il pleurait toutes les larmes de son corps dans le silence le plus complet. Elle savait que parfois les hospitalisations se passaient mal. Elle savait aussi que certains services étaient débordés de patient et que souvent les plus dangereux étaient ceux qui en pâtissaient le plus parce qu’une fois libres, ils avaient besoin d’être surveillés. Elle ne voulait pas savoir en revanche qu’il existait des médecins peu consciencieux, même si une partie d’elle savait que c’était une réalité à ne pas négliger.
-Effectivement si ça se passe comme vous décrivez, ça ne vous servira pas à grand chose.
Elle marqua une pause, le temps de se reprendre un peu.
- Ce n’est pas du tout ce que j’entendais par « prendre du temps pour vous ». Je pensais plus que vous pourriez essayer d’en profiter pour y voir plus clair, trouver d’autres personnes à qui vous pourriez parler de tout cela, faire le point sur votre traitement aussi, avec votre accord bien entendu. Là bas, il y a aussi des groupes thérapeutiques auxquels vous pourriez participer si vous êtes vous-même, ce genre de choses…
Elle ne pouvait pas s’empêcher de ressentir une profonde pitié pour tous ces patients de la folie régionale Avoir constamment un ennemi dans sa tête c’était une chose terrible. Mais avec Tim c’était pire, parce qu’elle avait l’impression qu’il s’était fait une raison, qu’il n’avait pas vraiment d’espoir.
Elle avait finit par lui expliquer pour la recherche aussi, en espérant ne pas le faire fuir définitivement. Elle avait l’habitude de toutes sortes de réactions plus ou moins haineuses, d’incrédulité, ou alors que les patients soient soulagés d’apprendre qu’ils n’étaient pas les seuls à souffrir de ce mal étrange. Mais sa réaction à lui fut toute autre. Il se mit brusquement à pleurer. Tout de suite après il cacha son visage entre ses mains en sanglotant. Elle se fit un peu violence pour garder la tête froide. Dans ce genre de moments, elle avait toujours ce même réflexe idiot et défensif, elle attrapait la boite de mouchoirs et la tendait au patient. Son superviseur avait beau lui dire que cela constituait déjà un geste bienveillant, elle avait tendance à penser que c’était surtout un peu ridicule. En tout cas il ne faisait aucun doute que tout ceci était familier pour lui. Plus que cela même. Elle regrettait amèrement de ne pas avoir fait preuve d’un peu plus de tact. Il poursuivit :
- Il est dans la forêt alors ? Pourquoi il faut que ça recommence... Depuis que je suis gamin il est là et il a foutu ma vie en l'air, qu'est ce qu'il me veut ?
Miranda eut une sorte de frisson. A les entendre parler de cette chose de la sorte, elle avait de plus en plus l’impression qu’elle était bien réelle, qu’elle risquait d’avoir affaire à elle aussi tout comme eux. Elle se retint de regarder par la fenêtre encore. Calme, il fallait rester calme. Surtout parce que par dessous la peur elle avait un océan de compassion qui l’attendait. Depuis gamin… c’était la première fois qu’elle rencontrait une folie régionale aussi ancienne. Depuis gamin… c’était tout simplement terrifiant, une vie de cauchemars. Tout ce temps et il devait encore se poser cette question « Qu’est ce qu’il me veut ? » tout cette souffrance sans savoir pourquoi, pour qui, au nom de quoi ?
- Je ne sais pas ce qu’il vous veut… ni ce qu’il veut aux autres. En revanche, je mène une recherche sur ceux qui souffrent de cette maladie. J’ai mis au point une nouvelle manière de vous soigner. Si vous me faites assez confiance, je peux essayer de la mettre en place avec vous.
Au fond, avoir quelque chose à proposer était toujours rassurant pour elle. Mais elle savait qu’il allait surement demander des détails... et que les détails n’allaient pas lui plaire. Notamment le fait qu’il fallait être attaché pour que ça fonctionne. Une partie d’elle éprouvait une angoisse sourde en plus de cela. Elle avait déjà amélioré un peu la situation de quelques uns. Mais leur pathologie était beaucoup plus récente. Avait-elle vraiment une chance sur une folie régionale qui était installée depuis aussi longtemps ?
Une nouvelle vague de panique, plus forte que ses doutes, l’atteignit soudain. « Je ne sais pas ce qu’il vous veut » avait-elle dit. Voilà qu’elle se mettait à parler comme s’il était réel elle aussi. Encore un peu et elle aurait besoin d’un traitement à son tour.
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